Détail de l'article

Nouveaux récits : comment intéresser nos étudiants ?

Nouveaux récits : comment intéresser nos étudiants ?

En écho aux débats de la Grande Journée de juin dernier, nous avons choisi de nous intéresser à la manière de faire récit auprès des étudiants. Béatrice Sutter, directrice de la rédaction de L’ADN, nous partage son analyse et questionne au passage la manière de penser nos relations avec les médias dans un paysage où l’information devient protéiforme.

On entend beaucoup parler de nouveaux récits. De quoi parle-t-on réellement ?

Les nouveaux récits relèvent pour moi autant des sujets qui sont mis en avant que des façons de les raconter. Personnellement, en tant que journaliste, les annonces totalement désincarnées par voie de communiqué de presse ne m’intéressent pas. Ce que je veux c’est avoir accès à de l’émotion et de la matière grise. Les étudiants comme les enseignants-chercheurs sont experts de leurs sujets. Ils ont énormément de choses à nous dire. Il faut arrêter de parler à leur place et leur donner la possibilité de prendre la parole, leur permettre de réagir, de donner leurs points de vue. 

Le modèle de l’ADN est à l’image des médias nouvelle génération. Un point d’entrée principal et de multiples déclinaisons autour. Est-ce ainsi que doivent être travaillées les stratégies de com’ ?

Pour les journalistes comme pour les services communication, on ne peut plus s’en tenir au triptyque 1 information - 1 message - 1 format. Une fois que l’on a identifié ce que l’on avait à dire, nous devons systématiquement poser la question du canal et du format en adaptant en permanence le contenu délivré. Les services communication doivent absolument viser l’originalité en faisant un vrai travail de fond sur ce que l’institution a d’intrinsèquement différent des autres. Quelle histoire peut être racontée que personne d’autre ne peut s’approprier ? Pour ensuite travailler sur la manière de raconter et d’incarner cette histoire : qui peut le faire ? Comment ? A partir de là, les différents types de récits et formats peuvent être déclinés.

Face à un public étudiant, sommes-nous condamnés à délivrer des messages courts et visuels ? 

Non au contraire ! Les étudiants sont, certes, consommateurs de contenus courts mais sont aussi très friands de contenus profonds, avec des apports d’experts et des contenus à fort impact émotionnel. Je suis toujours très étonnée du niveau d’information que les jeunes générations peuvent avoir sur certains sujets. En revanche, la multiplication des sources d’informations et les contenus à disposition font qu’ils ont beaucoup plus de choix qu’avant pour aller s’informer. Il devient dès lors impossible de leur imposer des informations ou des formats qui ne leur parlent pas ou les ennuient. 

Lors de la Grande Journée vous avez évoqué l’angoisse de la génération Z face à l’IA notamment. En quoi ces nouveaux récits pourraient aider à les rassurer ? 

C’est vrai que face à l’IA, les jeunes générations se posent beaucoup de questions sur leur avenir : aura-t-on encore besoin d’eux ? Qui voudra d’eux et pour faire quoi ? Ils se sentent à la fois exclus en se disant que l’IA pourrait les remplacer à terme et en même temps pousser des ailes. Certains remettent en question la nécessité même de faire des études. Et se demandent si ça vaut le coup de payer si cher alors que l’on peut trouver le savoir ailleurs gratuitement ou presque. Autant de questions sur lesquelles les établissements de l’ESR ont un rôle absolument majeur à jouer. 

Et quelle serait une des manières d’y répondre ? 
En s’emparant, avec les étudiants et jeunes générations, de la question fondamentale « C’est quoi apprendre ? » par exemple. Pour trouver du sens face à l’IA, quoi de mieux que de se sentir appartenir à un collectif qui ouvre la possibilité de réfléchir ensemble et construire des solutions ensemble ? C’est aussi une question de survie pour les établissements que de se poser cette question : tout comme les modèles hiérarchiques sont de plus en plus questionnés, nos modèles d’apprentissage doivent faire l’objet de nouvelles modalités de réflexion. Tout reste à inventer et les établissements de l’ESR n’y parviendront qu’à condition d’y associer le plus grand nombre. 


Tous les jours sur le web et deux fois par an en format revue, L’ADN décrypte les tendances & les mutations de nos sociétés. Signaux faibles, idées fortes, nouveaux usages... l’ADN propose une plongée inspirante dans notre époque. 
Alors que la 6ème édition du livre des tendances Business sortira en janvier 2026, l’édition sur les tendances Société paraîtra courant septembre.
 

Retour à la liste des articles

Inscription à la newsletter